Je veux des sushis en pâte d'amande... [libre]

Mina avait attendu un très long moment dans la diligence qui l'avait menée à travers le japon jusqu'à ce château. Elle était de très mauvaise humeur, et c'était son chauffeur qui l'avait senti passé le matin-même. Elle avait faim, soif, et avait bien besoin d'une bonne douche chaude. Depuis que le jour s'était levé, elle regardait défiler lentement les arbres devant elle, inlassablement et toujours semblables aux autres. Il arrivait parfois qu'on traverse une ville, et alors la jeune fille se cachait le visage pour oublier les mauvaises odeurs de nourriture populaire. Enfin, au bout d'une matinée épuisante et engourdissante, le carrosse finit par s'arrêter. Le soleil était haut dans le ciel, on était sûrement proche de l'heure du repas, midi peut-être, ou deux heures. Tirant sur ses bouclettes, Mina saisit Teddy par la patte et le serra contre elle en enfonçant son chapeau sur la tête.
Un serviteur s'approcha enfin et ouvrit la porte.

*C'est pas trop tôt, qu'est-ce qu'ils leur apprennent ici?*

Elle descendit et s'avança vers les portes du château, en souriant doucement. Quelqu'un viendrait sûrement l'accueillir bientôt. Mina entendit une voix discrète lui demander si on devait prendre ses bagages. Avec un sourire maniaque, elle se retourna et répondit:

"Non bien sûr, vous voyez que j'ai les mains libres et que donc je vais faire le travail à la place des bouseux, laissez, laissez donc, je vous apporterai des douceurs quand j'aurai fini de curer les sabots des chevaux."

Devant le visage indécis du serviteur, elle hurla "ÉVIDEMMENT, ABRUTI!" Et ouvrit son ombrelle pour que Teddy ne prenne pas le soleil avant de se diriger vers le château où on devait l'attendre.

A peine avait-elle fait quelques pas que Mina se trouva littéralement projetée contre la porte du château. N'ayant même pas le temps de se demander ce qui pouvait bien lui arriver, elle poussa délicatement son corps de contre la porte et essuya son visage en sortant en catastrophe un miroir pour vérifier dans quel état il se trouvait. Ouf, rien, pas un mèche de travers, pas une égratignure.

- Sumimasen (désolée), je ne regardais pas devant moi, Ojou-chama.

Ojou-chama? Ah, c'était bien ces japonais ça, toujours à s'excuser! Bah, c'était un cousin, elle trouverait bien un moyen de le lui faire payer à un moment ou un autre. Avec un sourire très largement forcé, elle ramassa Teddy et prit son ombrelle avant de la redresser et... de la casser en deux... Une autre chose qui se paierait en temps et en heure. Sans prêter attention à la brusquerie de son cousin, elle fit volte-face et eut un sourire... jusqu'à découvrir
qui l'avait bousculée.

Ce devait être un enfant, un mioche, ou alors un bouseux. C'est ça, c'était un bouseux tout ce qu'il y avait de plus banal et répugnant, un de ces cloportes nuisibles qui pullulent dans les champs de blés et osent en réclamer une partie majoritaire... Soudain très fâchée et atteinte d'une crise de furreur interne, Mina prit sa valise et la balança sur ce qui devenait son esclave.

"Je devrais te faire écarteler et te donner à manger aux chevaux..."

Elle prit un air sévère et soudain, leva les yeux au ciel.

"Mais je me sens d'humeur clémente... tu vas seulement me servir d'esclave, si tu te montres à la hauteur, alors je ne te tuerai pas, ou alors ça ne fera pas mal en tout cas..."

Elle eut un rire mauvais et se pencha, l'air ironique :

"Allez, un boulet... de canon, non, un boulet tel que toi doit bien connaître quelques parcelles de ce château, n'est-ce pas? Fais-moi visiter, emmène-moi à ma chambre et... porte ma valise."